Je me répète sans doute trop souvent. Nous ne sommes pas grand chose, et nous ne profitons pas assez. "Tout fout l'camp". Aujourd'hui, il y a quelques minutes, j'ai appris que Robert Greillot, un ancien de mon petit pays nommé Vallières, est décédé. Il était pour moi le symbole du paysan authentique, il a travaillé toute sa vie de ses propres mains, entre ses moutons et sa faux. Je le vois encore, il n'y a pas plus longtemps que l'été dernier, avec sa faux, sa canne à pêche ou encore il y a quelques semaines, traversant la route on ne peux plus dangereuse avec sa canne.
Il vivait seul, depuis la mort de sa femme il y a quelques années, d'un mort on ne peut plus rageante de nos jours. La perte de sa femme l'avait à mon sens beaucoup affaibli. Je n'ai pas connu sa femme, mais lorsque j'ai appris la nouvelle, j'ai changé de point de vue quant à ce petit vieux qui nous sabordait dès que l'on faisait des conneries. Je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'un homme qui avait su garder ses valeurs, sa culture, son art de vivre comme il était d'usage pendant sa jeunesse.
Je suis profondément touché, d'autant qu'il n'avait pas d'enfants, mais il était malgré tout très apprécié au sein de notre petit village de Vallières. Je repense à ses paroles, au centenaire de la Fraternelle lorsqu'il évoquait le fait d'avoir ramené cette cabane avec ses amis, sur la place du pays. "Il nous la prendront pas, sinon j'y fous l'feu". Je ne serai pas étonné que s'il ai appris la nouvelle, il en ai été touché. La mairie a fait main basse sur la Fraternelle, dépossédant les habitants de Vallières d'un de leurs plus grand bien, mais cela personne n'en a conscience. Je n'en avais pas non plus bien pris conscience lorsque j'ai appris la nouvelle. Et je me rend compte désormais de ma connerie.
Un soir d'été, je passai devant chez lui, un jour où manifestement la télé l'avait intéressé, c'était un film con avec Didier Bourdon. Et là j'ai pris une claque dans la gueule : le choc entre ce petit paysan, qui a su refuser la modernité bien mieux que moi, et ce film sot pour lequel des millions ont été dépensé par tous les moyens, qui m'apparait comme une futilité. Je ne sais si je suis compréhensible, mais j'ai toujours eu beaucoup de mal à m'exprimer via les mots plus que de vive voix.
Je pourrai parler de lui pendant des heures, des petites anecdotes, des souvenirs, et mon amertume de ne pas avoir su faire le pas d'aller le voir pour le connaître, apprendre de son savoir, de sa connaissance, de 87 années de dure labeur.
Je conclurai sobrement : ET MERDE ! Je m'en cogne du décès de Mickael Jackson, mais là ça me fait grave chier. C'est un bout de Vallières qui s'en va, Robert Greillot repose en paix. Tout Vallières est en deuil... moi le premier. Le doyen de


C'est vrai qu'il faut prendre le temps de les écouter nos anciens. Je sais que depuis tout petit, je passais des journées entières, même dernièrement, avec ma grand-mère (qui a eu 85 ans aujourd'hui d'ailleurs)qui me racontait tout ce qu'elle avait vécu, comment cuisiner cela, comment écrire en rondeur comme elle adore, comment calculer aussi vite qu'une calculette... Enfin bref, que du bonheur!
RépondreSupprimer